Les énergies renouvelables, un risque pour la stabilité du réseau ?

Lu ou entendu

« D’autre part, la stabilité de la fréquence (50 Hertz en Europe) du système électrique est aujourd’hui assurée par les rotors des alternateurs des centrales thermiques (nucléaires et fossiles). Sans eux, comment assurer cette stabilité puisque les convertisseurs de puissance, associés aux parcs éoliens et aux panneaux photovoltaïques et utilisés pour leur connexion au réseau, sont inopérants ? » Lu dans  [1]

« Il est inéluctable que nous allons droit à des difficultés considérables et même à une impasse, nous empêchant techniquement de remplir les objectifs que nous prétendons solennellement avoir fixés ! (…) L’essor de technologies permettant la stabilité de la fréquence du réseau: cette stabilité est assurée aujourd’hui par la régularité de la rotation des machines tournantes dans les centrales électronucléaires, thermiques ou hydrauliques mais n’est pas garantie en cas de déploiement massif d’éoliennes et de panneaux solaires. » Lu dans [2]

« Si Enedis et RTE ne gèrent que des réseaux à courant alternatif, les producteurs d’énergies renouvelables leur fournissent bel et bien un tel courant, qui ne diffère en rien de ceux d’autres producteurs. » Lu dans [3]

En réalité

S’il est exact que la production photovoltaïque ne contribue pas spontanément à la stabilité du réseau comme peuvent le faire d’autres générateurs (turbines), “il existe un consensus scientifique sur l’existence de solutions technologiques permettant de maintenir la stabilité du système électrique” (RTE [4]). Ces solutions technologiques ne sont pas aujourd’hui nécessaires, mais pourraient être déployées pour assurer la stabilité du réseau sans impact économique majeur.

Pour aller plus loin

Extraits adaptés de [5].
Le développement des productions renouvelables connectées par de l’électronique de puissance conduit à une baisse de l’inertie du système électrique européen, rendant les déviations de fréquence plus rapides quand surviennent des aléas temps réel sur l’équilibre entre la production et la consommation. Au-delà de certains seuils (suivant le réseau, 60 % à 80 % de production instantanée de l’éolien et du solaire sur la production totale), la stabilité du système peut être menacée en raison du manque de réglages stabilisateurs.

Deux solutions permettent d’avoir une part très élevée de production éolienne et photovoltaïque raccordée via de l’électronique de puissance, quelle que soit celle des machines synchrones [thermiques] qui resteront en fonctionnement : les compensateurs synchrones (technologie mature) ou les onduleurs grid-forming (technologie émergente). Le développement de solutions grid-forming par des onduleurs ou des compensateurs synchrones induit des coûts annualisés supplémentaires de même ordre de grandeur, variant suivant les scénarios entre 200 et 900 millions d’euros en 2060. Ce montant est faible comparé au coût total du système dans les différents scénarios.

Sources

  1. Sébastien Candel et Marc Fontecave, tribune parue dans Le Monde le 4 mars 2021. Lien
  2. Note N°4 du Haut-Commissariat au Plan datée du 23 mars 2021, intitulée : Électricité : le devoir de lucidité. Lien
  3. Lettre ouverte du SER, 31 mars 2021.  Lien
  4. Rapport RTE-AIE « Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 » publié en janvier 2021. Lien
  5. RTE, Futurs Energétiques 2050, chapitre 7 (Garantir la sécurité d’approvisionnement), 2021. Lien