Vers de nouveaux modes de déploiement du photovoltaïque ? L’agrivoltaïsme

Pour faire simple

L’agrivoltaïsme désigne des installations photovoltaïques situées sur des parcelles agricoles, combinant ainsi production électrique et agricole. L’intérêt de ce type d’installation est de disposer de grandes surfaces, tandis que le risque est de mettre en compétition deux ressources vitales. Un cadre doit être mis en place pour que son développement ne mette pas en péril les installations agricoles.

Pour aller plus loin

Les installations agrivoltaïques peuvent prendre différentes formes, par exemple des panneaux solaires installés sur des serres, des pâturages ou encore des champs. En 2022, l’ADEME dénombre en France 167 projets d’agrivoltaïsme pour une capacité de 1,3 GW [1]. Leur intérêt est de permettre l’accès à de grandes surfaces. En 2019, 52 % de la superficie de la France métropolitaine est utilisée à des fins agricoles, soit 26,8 millions d’hectares [2]. Moins de 0,2 % de cette surface serait nécessaire pour atteindre les objectifs de puissance installée de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de 2028, soit 44 GW dans sa fourchette haute (voir Fiche n°21), à raison d’1 MW installé par hectare.

La limite de cette stratégie est qu’elle peut faire entrer en compétition les productions agricoles et énergétiques. Une telle confrontation serait exacerbée par la différence des loyers proposés par unité de surface, estimés au moins 10 fois plus élevés pour une installation photovoltaïque. Cette différence risque d’entraîner une augmentation du coût de location des terres, mettant en péril l’équilibre économique de certaines activités agricoles.

Un premier enjeu de gouvernance est d’encadrer le développement de l’agrivoltaïsme pour prévenir de tels impacts négatifs. Un second enjeu, technique, est de trouver des conditions permettant une synergie entre les deux productions, par exemple avec des panneaux solaires inclinables, laissant passer la lumière quand les plantes en ont besoin, et se refermant lorsqu’une protection physique peut être bénéfique (rayonnement trop important, grêle…).

La loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables de mars 2023 [3] cherche à aller dans ce sens, en considérant qu’une installation ne peut être qualifiée d’agrivoltaïque que si elle permet un maintien significatif de la production et des revenus agricoles. Elle doit également apporter au moins l’un des services suivants : l’amélioration du potentiel et de l’impact agronomiques, l’adaptation au changement climatique, la protection contre les aléas ou l’amélioration du bien-être animal. Elle doit de plus être réversible. Cet encadrement reprend des propositions des rapports de l’ADEME [4].

Source: ADEME [4]

Sources

  1. Rapport au nom de la commission des affaires économiques sur la proposition de loi en faveur du développement de l’agrivoltaïsme, par M. Franck MENONVILLE, sénateur, 2022. https://www.senat.fr/rap/l22-013/l22-013.html
  2. https://www.insee.fr/fr/statistiques/5039859?sommaire=5040030.
  3. Loi n°2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047294244/.
  4. ADEME, I Care & Consult, Ceresco, Cétiac. 2021. Caractériser les projets photovoltaïques sur terrains agricoles et l’agrivoltaïsme.