Le solaire PV, une énergie diffuse, responsable de l’artificialisation des sols ? 

Lu ou entendu

«Il faut 1000 fois plus de surface, 1000 fois plus de surface pour faire la même quantité d’électricité dans l’année en solaire qu’en nucléaire, 1000 fois plus de surface au sol, artificialisée donc, il faut entre 10 et 100 fois plus de métal par kWh produit quand vous utilisez de l’éolien ou du solaire qui exploitent des énergies très diffuses que quand vous utilisez du nucléaire qui est une énergie très concentrée. » Entendu dans [1]

«Énergie diffuse [solaire PV]. Il y a besoin de tellement d’espace que ça commence à empiéter sur les forêts, les cultures et les espaces protégés. » Lu dans [2]

En réalité

Oui, l’énergie solaire est diffuse, et ça n’est pas forcément un inconvénient. L’énergie solaire est abondante, sans le danger que constitue toute source d’énergie concentrée. Elle est disponible partout et adaptée à l’autoconsommation. Non, le développement du solaire photovoltaïque ne nécessite pas d’empiéter sur les espaces naturels ou agricoles, il ne se fera pas forcément au détriment des forêts, des cultures ou des espaces protégés (voir Fiches n°24, n°25 et n°26). Il n’est pas nécessaire d’augmenter l’artificialisation des sols pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050 !

Pour aller plus loin

  • Non, le développement du solaire photovoltaïque tel que prévu par les différents scénarios de transition énergétique ne doit pas nécessairement augmenter de manière significative l’artificialisation des sols. Les surfaces déjà artificialisées (toitures, façades, friches industrielles, parkings…) et les usages mixtes (agrivoltaïsme, photovoltaïque flottant…) pourraient fournir une ressource suffisante. Voir Fiches n°24, n°25 et n°26.
  • Non, il ne faut pas 1000 fois plus de surface pour le photovoltaïque que pour le nucléaire, mais 100 fois plus (calcul ci-dessous), et de toute façon ça n’est pas un problème puisque ces surfaces sont disponibles sans conflit d’usage !

Comparons l’énergie produite par unité de surface par des installations solaire et nucléaire :

  • L’énergie solaire reçue en France est d’environ 1 MWh par mètre carré et par an. Avec un rendement de conversion de 15 %, facilement obtenu par les systèmes PV actuels, on obtient donc 0,15 MWh/m2/an d’électricité d’origine solaire (3 MWh par an avec une surface de toit de 20 m2), ou 0,15 TWh/km2/an.
  • La production nucléaire française est d’environ 400 TWh par an pour une capacité de 63 GW, ce qui donne une production d’environ 6 TWh par GW de capacité installée, et un facteur de charge de l’ordre de 75 %. La centrale du Bugey dispose de 4 réacteurs de 900 MW soit 3,6 GW, qui produisent environ 21,6 TWh sur une surface de 1,3 km2, soit 16,6 TWh/km2/an. La centrale de Saint-Alban (2 réacteurs de 1,3 GW) a produit 17,7 TWh en 2014 sur une surface de 0,73 km2, soit 24 TWh/km2/an.

Sources

  1. Jean-Marc Jancovici, interviewé par Guillaume Erner sur France Culture le 14 mai 2020. https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-des-matins-2eme-partie/la-pandemie-va-t-elle-accelerer-la-transition-energetique
  2. BLAIN Christophe et JANCOVICI Jean-Marc, Le Monde Sans Fin, Dargaud, 2021